Or 2020

Hymne à l'eau-de-vie d'Alsace et à la mixologie, ce distillat cristallin est inclassable : il voyage de l'Ode à la joie à l'Odyssée de l'espace. La remarque de Haydn sur Beethoven, « Vous me faites l'impression d'un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs coeurs, plusieurs âmes », est de circonstance. Car ici, l'incroyable symphonie aromatique est d'une telle complexité, aux frontières de l'infini, qu'elle frôle l'harmonie spatio-temporelle de la neuvième de Ludwig. L'orchestration, au nez comme en bouche, s'envole sur une partition stratosphérique, à la fois de fruits exotiques, d'épices, d'agrumes, jusqu'aux notes originales de mangoustan, d'arbouse, de litchi, de pêche blanche, de fenouil, de poivre blanc, de pain d'épices, de cédrat, de zeste de combava... L'ensemble est météorique avec beaucoup de caractère. Nerveux et crémeux, chaleureux et frais, ample et tout en finesse, pour un choeur final qui ne se compte pas en caudalies mais en années-lumière. À siroter éventuellement avec un sorbet amer d'orange, mécanique anti-gravité de science-fiction enclenchée, pour téléporter nos papilles dans un film de Stanley Kubrick. Bref, avec un cocktail de 5 % de certitude et 2001 % d'imagination, nombreuses sont les galaxies gustatives qui restent encore à explorer.